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TYRTÉE 107

Il montrait ensuite les oracles réglant la cité, et le dieu de Delphes, Apollon, prenant soin d'instituer les lois sur lesquelles devait reposer la fortune de Sparte. Quelques fragments nous apportent un écho de cette partie du poôme. L'oracle s'y faisait entendre : « l'Avarice, disait le dieu, perdra Lacédémone ^ » Suivait le tableau de cette constitution décrétée par la sagesse même des dieux :

Après avoir entendu Phébus, ils rapportèrent de Delphes dans leur demeure les prophéties du dieu et ses infaillibles paroles : que le conseil appartienne aux rois divinement ho- norés, soucieux de maintenir Taimable ville de Sparte, ainsi qu'aux anciens chargés d'ans; qu'ensuite les hommes du peu- ples, fidèles aux droites paroles de l'oracle, disent et fassent toujours ce qui est beau et juste; qu*ils s'abstiennent de tout mauvais dessein contre la cité; la victoire alors et la puis- sance suivront la foule du peuple*.

Après les dieux et les oracles, les rois et leurs hauts faits. Le poète parlait de la première guerre de Messe- nie, du roi Théopompe qui Tavait achevée, de la victoire glorieuse où elle avait abouti ^ Deux ou trois autres frag- ments fort courts paraissent devoir être rapportes à ce poème, sans qu*on puisse dire au juste quelle place ils y tenaient. Au total, c'est une trentaine de vers qui nous en restent.

Dans ce petit nombre de vers, on peut encore saisir quelques-uns des traits essentiels du poème. D'abord, la noble inspiration du poète, qui, pour réconcilier les âmes, les arrache aux mesquines préoccupations du présent et les force de s'unir dans la vénération reli- gieuse du passé : c'est Zeus, c'est Apollon qui ont fait

1. Fragm. 3 ; dans Diod. de Sic. VIII, 14, 5.

2. Fragm. 4 ; dans Diod. de Sic, ibid. Cf. Plut, lycurg. 6.

3. Fragm. o; dans Pausan., IV, f», 2; Schol. de Platon, p. 448 (Bukker).

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