Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/124

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L’âme belliqueuse de Sparte revit dans ces élégies. La conception de la vie humaine qui s’y manifeste est très particulière et très étroite : c est celle d’une cité qui est un camp. Dans ces conditions, la vie n’est ni variée ni brillante ; mais elle peut être héroïque et sublime. Les vers de Tyrtée sont un des plus énergiques encourage- ments au patriotisme que présente la littérature, et aussi l'un des plus simples, l’un de ceux qui, par la clarté de la forme et la vivacité de l'image, sont le plus assurés de trouver toujours et partout Je chemin du cœur. On comprend que Sparte continuât do chanter ces nobles vers 1, qu’Athènes elle-même, au temps de Socratc et de Xénophon, les fît apprendre par cœur à la jeunesse ^, et que l'orateur Lycurguo, voulant évoquer Tidée la plus pure du courage, les ait cités.

L’élégie se plie à tous les sentiments et à tous les tons. Après Tyrtée, voici Mimnerme ; après le rude patriotisme de Sparte, le scepticisme voluptueux et mélancolique de l'Ionie ’.

Mimnerme était de Colophon ^. Il vivait, selon Suidas, dans la 37e Olympiade (633-629), « un peu antérieur aux sept sages, ou, suivant quelques-uns, leur contemporain. » Solon, qui l’avait peut-être connu dans ses voyages, lui adressa des vers*. Mimnerme était probable-

1. Philochore, dans Athénée XI V, 030 F.

2. Platon, Lois, IX, 858, E. Xénophon (Ifémor. 1,6, 14), sans nommer Tyrtée, semble faire allusion au même usage. Cf. Paul (îirard, l’Education Athénienne, p. 148.

3. Sur Mimnerme : Marx, de Mimnermo poêla elegiaco, Cœsfeld, 1831.

4. C’est la tradition générale de l’antiquité. Suidas dit pourtant : KoXoqpcjvto; t) £|xupvato; t) ’A(rruicaXate\j;. Ces deux dernières traditions proviennent sans doute de (]uelque vers de Mimnerme mal interprété : voir par exemple les fragm. 9 (Strabon, XIV, p. 634) et 13 (Pausanias, IX, 29, 4).

5. Solon, fragm. 20 (Diog. Laert. I, 60).