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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/146

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134 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÉGIAQUE

cents. Un seul, le plus ancien et le meilleur, en contient près de quatorze cents. La différence provient de ce qu'on y trouve, après les douze cents vers des autres manus* crits, environ cent cinquante vers supplémentaires sur des sujets erotiques : ceux-ci sont donnés comme formant un second livre; le premier, beaucoup plus long, com- prend tout le reste. Il suffit de jeter les yeux sur Tune ou l'autre des deux rédactions de ce recueil pour recon- naître tout de suite deux faits évidents. Le premier, c*est que nous n'avons plus les élégies mêmes de Théognis dans leur intégrité, mais seulement une suite de frag- ments, un amas de vers élégiaques, pour ainsi dire, mis sans ordre les uns à côté des autres. Le second, c est que tous les vers du recueil ne sont pas de Théognis.

Si Ton s'en rapportait uniquement à la notice très con- fuse de Suidas, on pourrait croire que Théognis n'avait écrit que des maximes détachées. Suidas parle en effet de c( Sentences élégiaques formant deux mille vers » et d'une « Gnomologie élégiaque » (ce qui est la même chose) adressée à Kyrnos. Il mentionne aussi « d'autres Exhor- tations morales ». On pourrait, d'après ces textes, s'ima- giner Théognis comme une sorte de Pibrac grec, auteur de quatrains ou de distiques moraux plutôt que d'élégies proprement dites. Rien n'empêclierait alors de voir dans nos recueils actuels la reproduction fidèle d'une partie au moins de l'œuvre de Théognis. Mais il est facile de démontrer que la vérité est fort différente. Un texte at- tique, cité par Stobée ^ comme étant de Xénophon, nous apprend que les vers 183-190 du recueil actuel apparte- naient à la c( première élégie » de Théognis, et il est fa- cile de voir que les vers 19-2C appartenaient à un pro- logue. Nous savons en outre par Platon ^ que, dans le

��1. FloriL LXXXVIII, 14.

2. Ménon, p. 95, E.

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