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THÊOGNIS 139

Ou a contesté aussi l'authenticité des vers erotiques K Mais les raisons invoquées ne sont pas décisives, ou du moins elles ne portent que sur une partie d'entre eux. L'absence de ces cent cinquante derniers vers dans tous les manuscrits sauf un seul prouve uniquement qu'il y avait plusieurs rédactions du recueil. On comprend que la uature des vers en question les ait fait exclure en gé- néral, et que la rédaction qui ne les comprenait pas ait été la plus répandue : elle répondait mieux à l'idée qu'on devait se faire d'un poète moral. Il ne faut d'ailleurs pas croire que les éloges des Platon - et des Isocrate ' sur la noblesse des enseignements moraux de Théognis soit in- conciliable avec l'existence d'un certain nombre d'élégies d'un caractère différent. Platon lui-même est parfois bien étrange, et Pindare, malgré la hauteur ordinaire de son inspiration, avait écrit des poèmes qui répondaient mal à ridée qu'on se fait en général do sa gravité. Il en est de même de Solon. Ce qui est évident, c'est que ce genre de vers, à l'origine, n'a nullement pu former un second livre distinct, comme le manuscrit le ferait croire : ils de- vaient être répandus dans des élégies variées; le collec- tionneur mal inspiré qui les a ainsi recueillis et rappro- chés les a par là même rendus plus choquants. Il y a d'ailleurs mêlé d'autres vers analogues qui n'apparte- naient pas à Théognis. Quelques-uns sont de Solon \ D'autres, selon l'observation de Welcker % sont des pa- rodies faites d'après certains vers célèbres du poète de Mégare, grossièrement détournés de leur sens primitif : ce sont là de bas amusements de lettrés trop ingénieux.

��1. Voir surlout A. Couat, Annales de la FacuUé des lettres de Dor deaux, 5« année, p. 257 et suiv.

2. Lois, I, p. 030, À.

3. Nicoclès, 12.

4. V. 1253-1254.

5. P. LXKX et GII.

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