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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/154

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142 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÉGIAQUE

Il était de Mégare,et lui-même, dans ses vers, avait pris soin de le marquer K Un pussag;c de Platon a fait croire qu'il s'agissait là de Mégare en Sicile ^ Suidas la compris ainsi. Mais la phrase de Platon, prise à la lettre, dit sim- plement que Théognis y jouissait du droit de cité. C'est l'autre Mégare, colle de la Grèce propre, qui fut certaine- ment sa vraie patrie ^ On en aurait la preuve dans son propre témoignage si Ton pouvait démontrer rigou- reusement que les vers 783-788 du recueil de Théognis sont bien de lui et non d'un autre ; car le poète y parle de la Sicile comme d'un pays où il a voyagé, mais qui n'est pas le sien.

L'histoire de Mégare au vi® siècle est mal connue dans ses détails, mais le caractère général en a été marqué très nettement par Aristote et par Plutarque *. Elle peut se résumer d'un mot : c'est une lutte sans cesse renais- sante entre l'aristocratie et la plèbe; lutte tantôt sourde, tantôt violente, où les deux partis sont tour à tour victo- rieux, avec de courtes trêves parfois quand l'un des deux est écrasé ou qu'un tyran s'élève, mais avec des réveils acharnés qui aboutissent à des exils et à des confisca- tions. Cet état de choses semble avoir duré deux siècles. Théognis a vécu au milieu de ces agitations. Il apparte- nait au parti des nobles, de ceux qui s'appelaient eux- mêmes les V bons », les « honnêtes gens », ol àyaOoi, par

Le plus probable est qu'il faut lire iv ry) tûv ^upaxovawv icoXiopxéa, et que le Théognis ici mentionné est Icr poète tragique athénien qui vivait à la fin du v* siècle : ce Théognis avait pcut-ôtro fait une élégie sur les Athéniens morts dans la guerre de Sicilo, et Suidas, selon son habitude, aura brouillé deux biographies distinctes. Cf. Flacb» p. 412. !. V. 22-23.

2. Platon, Lois I, 630, A.

3. Welcker, p. xiv.

4. Aristote, Polit, IV. 15 (p. 1300, a. 17 Bekkor) ; V, 3 (p. 1302, b, 80); V, 5 (p. 1304, b, 35, et p. 1305, a, 24); Plutarque, Quœst. grœc, 18. — Cf. dans les Poêles moralistes de la Grèce, la notice de M. J. Gi- rard sur Théoguis.

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