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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/162

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150 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÈGIAQUE

bons, les amis de la justice, qui ont tenu haut leur cœur et fui le mal, la pauvreté, mère des souffrances, les atteint et les saisit!

��Voilà la grande énigme de la théologie morale hardi- ment posée. C'est là, dans l'histoire de la pensée grec- que, une date mémorable K

Si la vie renferme partout bien des maux, à Mégare en particulier, et pour un noble, elle est odieuse. Théo- gnis est un aristocrate convaincu. La plèbe est à ses yeux une race inférieure, que la fortune même ne peut relever. La noblesse du sang est la source princi- pale de la vertu. Le mal s'accroît parla faiblesse de cer- tains nobles qui cb ent à l'argent:

Quand nous cherchons un bélier, un âne ou un cheval, ô Kyrnos, nous tenons à la race, et nous voulons des étalons illustres. Mais quand il s'agit d'un mariage, un homme de bonne souche épouse une vilaine, fille île vilain, si elle lui apporte beaucoup d'argent... La richesse confond les races. Après cela, ô Kyrnos, ne l'étonné pins si le peuple des Méga- riens décline ; bons et mauvais, tout est pêle-mêle * !

L'argent règne et corrompt tout. Pour l'argent, les ennemis sont cruels; pour lui, les amis sont perGdes. Théognis ne voit pas les choses en beau. La trahison et la fourberie attendent l'honnête homme à chaque pas ; on peut distinguer la fausse monnaie de la bonne, mais le faux ami, comment le reconnaître ^? La fortune étant tout, l'homme qui est pauvre n'a plus ni naissance, ni vertu, ni beauté ; il est méprisé. Le poète ne tarit pas sur ce sujet de la pauvreté. Il parle là d'un mal qu'il a

1. Cf. V. 74^-158 (mouvement tout semblablo, plus révolté encore). Cf. aussi, avant co morceau, dos vers où il corrige la loi du monde, un peu comme Garo choz La Fontaine.

2. V. 183 etsuiv.

3. V. 117 et suiT.

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