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THÉOGNIS 140

Nul homme, 6 fils de Polypaos, ne trompe un hôte ou un suppliant à l'insu des immortels i.

La violence orgueilleuse, ô Kyrnos, est le premier don de la divinité à l'homme qu'elle veut perdre *.

Quand le bonheur suit les pas du méchant ou de l'insensé, Torgueil enfante la violence •.

On reconnaît là des pensées et même des expressions (uêpiç, xopo;, irn) qui sont fréqupntes chez tous les vieux poètes grecs. La marqua de Théogiiis n'y est pas parti- culièrement sensible. Mais voici où elle se montrée: c'est quand, après tous ces beaux préceptes, après ces religieux conseils, brusquement la contradiction du réel et de l'idéal lui apparaît, et que le problème de la souf- france des justes se dresse devant son esprit. Il y a sur la terre des maux immérités. Il y a des justes qui tom- bent au dernier degré de la misère et des méchants qui triomphent. Comment expliquer cela ? Solon répondait que le bonheur du méchant est éphémère, que celui du juste est seul durable. Mais Théognis ne voit pas qu'il en soit toujours ainsi. Alors, avec une familiarité hardie et une âpre dialectique, il s'adresse à Zeus lui-même, et lui demande Texplication du mystère ^ :

Zeus vénéré, tu me remplis d'étonuement. Quoi ! tu es le roi du monde, riche d'honneur et de puissance ; tu connais à merveille l'esprit et le cœur de chaque homme ; ton pou- voir, ô roi, est suprême. Comment donc alors, fils de Kronos, ta pensée consent-elle »^ mettre sur la même ligne les méchants et les bons, ceux dont Pâme se tourne vers la justice et ceux qui, obéissant à l'iniquité, se livrent à la violence ? Et ce- pendant & la fortune de ceux-ci est stable; tandis que les

��!. V. 143-144.

2. V. 151-152.

3. V. 153-154.

4. V. 373-385.

5. Je supprime les vers 381-3Si, qui interrompent la suite des i4ées.

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