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160 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÉGIAQUE

le nombre et la richesse de ces offrandes dans certains sanctnaires; les donateurs, comme de juste, tenaient à graver leur nom sur lobjet donnée Parmi ces inscrip- tions, la plupart étaient en prose. Mais on comprend que, si le mort était un grand personnage ou si l'offrande avait une valeur exceptionnelle, la prose fît place au vers, qui donne à la pensée plus de relief et plus de durée. A en croire Hérodote, le temple d'Apollon Isménien à Thèbes possédait des trépieds consacrés au dieu par Amphi- tryon, par Skœos et par Laodamas, et portant des ins- criptions contemporaines de ces héros ^. Je n'ai pas be- soin dédire qu'inscriptions et trépieds étaient apocryphes. Il est impossible de savoir à quelle date au juste l'usage des inscriptions en vers a pu commencer. Il est probable- ment fort ancien, mais c'est surtout à la fin du vi* et au y« siècle qu'il s'est répandu à l'infini et qu'il a produit les chefs-d'œuvre du genre. D'abord, les inscriptions avaient été rédigées en vers épiques. Les inscriptions prétendues archaïques d'Hérodote sont ainsi. Celle du tombeau de Midas, citée par Platon ', et attribuée tantôt à Cléobule de Lindos *, tantôt à Homère ', se compose de quatre vers hexamètres. Les inscriptions explicatives du coffre de Kypsélos, reproduites par Pausanias,etqui datent peut- être du vil® siècle, sont écrites dans le même mètre ^. C'est Archiloque qui eut l'un des premiers, sinon le premier, l'idée d'employer pour cet usage le mètre élégiaque. 11

1. Ajoutons les statues, qui eurent souvent aussi des inscriptions, mais dont l'usage se répandit plus tardivement.

2. Hérodote, V, 59.

3. Phèdre, p. 264 D.

4. Diog. Laêrce, I, 89.

5. Elle figure dans le recueil d'Êpigrammes que nous avons soua le nom d'Homère.

6. Pausanias (V, 18-19) les attribue à Enmélos. Il est permis de mettre en doute cette attribution : mais les caractères, paraît-il» étaient archaïques, et certaines de ces inscriptions étaient écrites Pov9Tpo9V)86v {ibid, 17, 6).

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