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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/184

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172 CHAPITRE IV. — POÉSIE lAMBIQUE

un silence) était plus vif, plus courant que le trimètre. Le court dimètre, qui ne s'employait pas seul, s'intercalait en épode (iTçcpSoç) entre des vers plus longs, des trirnètres par exemple, et son refrain aigre et vif sonnait comme un écho moqueur. Toutes sortes de vers longs et courts pouvaient s'associer ainsi, et toujours avec un effet ana- logue de vivacité railleuse. Le mélange de pieds diffé- rents dans un même vers, d'iambes et de trochées par exemple, tendait au même effet : c*est ce qu'on appelait des vers asynartètes ou « désunis »; c'était comme une dissonance métrique. Ce brusque passage d'une espèce de pied à une autre amusait l'oreille en la déroutant un peu, et marquait d'une manière expressive la liberté d'al- lure de la pensée.

Les poètes iambiques proprement dits, les maîtres et les fondateurs du genre, sont des railleurs. Le mot même d'ïambe est devenu, en grec et dans les langues mo- dernes, synonyme de satire *. Il est évident que les Ïam- bes des mystères étaient déjà satiriques, puisqu'ils étaient plaisants : on ne rit guère qu'à la condition de se moquer de quelqu'un ou de quelque chose. La tradition populaire et religieuse fut suivie par les poètes. Ce caractère, pour- tant, quoique primitif et en quelque mesure essentiel, se modiQa peu à peu et s'atténua. Chez les satiriques eux- mêmes, la satire, d'abord personnelle et âpre, devint ensuite générale et plutôt philosophique, ce qui était un adoucissement . Â côté d'eux, d'autres poètes leur empruntèrent la même forme, et, tout eu lui laissant quelque chose de personnel, ils en corrigèrent T&preté native par la noblesse et la sérénité de leur propre ins- piration : les iambes de Solon en sont un exemple. C'est ainsi que le trimètre iambique d'Archiloque en vint peu

��i. Cf. les mots {at&6tl^eiv (souvent associé à xaTaoxcoirreiv), {«(iSixb; Tp^Tcoc» ta|i6(xi^ I8éa, etc.

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