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ARGHILOQUE 177

��II

��Le premier par ordre de date est celui d'Archiloque *. C'était aussi le premier en mérite, sans comparaison. Il y a peu de pertes plus regrettables, dans le grand nau- frage de l'antiquité, que celui des poèmes d'Archiloque. On le mettait à côté d'Bomère : Héraclide avait fait un ouvrage intitulé Homère et Archiloque '; ce qu'était, dans Tordre de la poésie grave et idéale, ou, comme disait Âristotei de la « tragédie », l'auteur de VIliade, c'est-à- dire le modèle incomparable et inimitable, Archiloque Tétait à sa fagon pour la poésie qui se moque et qui fla- gelle, pour le rire sonore et sain de la comédie : il avait la grâce et la force, l'éclat et le mordant, l'ampleur et la légèreté. Quintilien dit de lui : « Son style est d'une vigueur admirable ; sa phrase est robuste, brève, vibrante; il est tout sang et tout nerfs; par son génie, il n'avait peut-être pas de supérieurs ; s'il en a, c'est la faute des sujets qu'il a traités ^ » De toute cette poésie si vantée, nous n'avons plus que des fragments, et le plus long ne dépasse pas dix vers. La plus grande part de son génie évidemment nous échappe ; et cependant le peu qui reste suffit à nous faire comprendre le jugement de Tantiquité : parmi ces fragments si courts, quelques- uns sont de vrais joyaux ; on devine ce que pouvait être

��!• Sar Archiloque, cf. Welcker, Archilochos (dans le t. I de ses Kieine Schriften) ; Deuticke, Archilocho Pario quid in Grmci* litUrit Ht iribuendum, Berlin, 1877 (progr.).

2. Diog. Laêrce» V. 87.

3. Init, or,, X, 1, 59 : Summa in hoc vis elooutionis ; cum Yalidœ, tam brèves sententise ; plurimum sangainis akqve nervonun, adeo nt videatur quibasdam, quod quoquam minor est, materiœ ease non in- genii vitium.

Hisi. do la Litt. greoqae. — T. II. 12

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