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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/202

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190 CHAPITRE IV. — POÉSIE lAMBIQUE

Rejeté, il pousse un cri de vengeance; Lycambès paiera sa dette ^ :

Je possède un grand art : quand on me blesse, je rends de cruelles blessures 2.

Lycambès et sa fille devinrent la risée do la ville. Le poète savoure son triomphe avec une joie féroce ; il apostrophe son ennemi et se moque de lui :

Vénérable Lycambès, quelle idée as-tu donc là ? qui t'a dé- rangé l'esprit? Tu avais pourtant de la raison: maintenant, par toute la ville, tu fais rire de toi 3.

On comprend que le vertueux Eusthathe, archevêque de Thessalonique, parlant d*Archiloque, ait dit qu'il avait une « langue de scorpion » *. A Sparte, dît-on, ses poèmes étaient interdits. Mais combien tout cela est vivant et spirituel I Lucien raconte * qu'attaqué par un ennemi qui essayait de le faire taire, Archiloque répondit en se comparant lui-même à la cigale, qu'on ne peut réduire au silence même en la saisissant par les ailes : au contraire, elle n'en fait que plus de bruit : « Je suis, disait le poète, une cigale que tu prends par l'aile *. » Juste image de cette verve incoercible. Une de ses pièces débutait par cette apostrophe vive et gaie ' :

O Gharilas, fils d'P>asmon, écoute une plaisante histoire ; tu auras, mon bien cher ami, un vrai plaisir à Pentendre.

��1. Fragm. 92.

2. Fragm. 65,

3. Fragm. 94.

4. Eiistathe, Comment, sur l'Iliade, p. 851, 33 {à (ncopici(/&8v)c ttjv

5. PseudologisteSt 1.

6. Fragm. 143.

7. Fragm. 79.

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