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ARGHILOQUE 191

Suivait sans doute quelque cruelle malice, soit contre Lycambès soit contre Charilas lui-même. C'est là le ton le plus ordinaire d'Archiloque : une gaîté rieuse et pétu- lante, qui mord à belles dents.

Dans un autre genre, quelle amusante esquisse de Tftpre et montagneuse Thasos, où il n'a trouvé que déception :

Elle se dresse comme Téchine d'un âne, avec des bois sau- vages en couronne i.

Il disait encore :

La misère de toute la Grèce s'est donné rendez-vous à Thasos •.

Archiloque a sans cesse le mot pittoresque qui, du pre- mier coup, fait voir Tobjet ^

11 ne semble pas que la politique Tait beaucoup occupé. Voici pourtant deux vers où il avait peut-être pris pour cible un ennemi politique :

Maintenant Léophile est chef, Léophile est maître; tout cède à Léophile, tout obéit à Léophile 4.

Quelques fragments un peu plus étendus sont d'une inspiration plus philosophique, plus générale, plus grave. Celui-ci d'abord, où l'éloquente apostrophe du début trabit encore le poète passionné, mais où la fer- meté domine :

O mon âme, mon âme, triste jouet de maux sans nombre, relève-toi, résiste en face aux méchants, et au milieu des

��1. Fragm. 21.

2. Fragm. 52.

3. Voir encore le fragm. 58 (portrait d'un général idéal) .

4. Fragm. 69 (le texte du second vers est douteux).

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