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192 CHAPITRE IV. — POÉSIE lAMBIQUE

pièges ennemis qai t'environnent, reste ferme : victorieuse, n'étale pas ton triomphe ; vaincue, ne t'enferme pas dans une humilité gémissante; que ta joie dans le bonheur, que ta colère dans le malheur soient modérées ; songe à la mouvante incertitude des choses humaines ^

Remets toutes choses aux dieux. Souvent ils tirent de l'in- fortune et redressent un homme qui gisait sur la terre noire ; souvent ils abattent et font tomber à la renverse celui qui se tenait debout: alors les misères fondent sur le malheureux ; la pauvreté le chasse çà et là, et son esprit s'égare '.

Une dernière citation pour Gnir, et qui pourra sur- prendre : le terrible Archiloque a quelque part vanté la pitié; lui qui a tant attaqué les vivants, il veut qu'on fasse grâce aux morts

Il n'est pas bien de lancer l'insulte à un homme qui n'est plus K

C'est un curieux trait de plus à ajouter à cette vivante et complexe Ggure.

Après Archiloque, on ne saurait s'arrêter longtemps sur les autres satiriques de profession. Son vrai succes- seur, je Tai dit, c'est Aristophane, qui a, lui aussi, le miel avec l'aiguillon. Simonide d*Amorgos, Hipponax d'Ëphèse, Ananios, ont rarement la grâce, et leur pointe manque de finesse.

Simonide ^, Gis de Erinès, ordinairement appelé Simo-

��i. Fragm. 66.

2. Fragm. 56.

3. Fragm. 64.

4. Si(x(i>vi6T);, ou plutôt SriiicoviST);, suivant Ghœroboscos (dans VEtymohgicum magnum, p. 713, 18). Cf. Rœhl, Inscn grjec. anti- quiss,, n« 1 (cité par Sittl). — Sur Simonide, cf. Welcker, Prolégomènes de son édition.

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