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204 CHAPITRE V. — LA CHANSON

Le caractère général de ces instruments, quelles qu'aient pu en être les différences secondaires, est frappant : ce sont des instruments qui ont beaucoup de cordes, qui peu- vent par conséquent monter très haut et descendre très bas. La magadis d'Anacréon a vingt cordes K Le barbi- tos en a « beaucoup », suivant Théocrite ^ Tantôt il est question de leurs sons aigus, tantôt de leurs sons pareils à ceux d'une corne ^ Avec ces instruments, on pouvait accompagner la voix des chanteurs à un intervalle d'une octave, d'où résultait, suivant Âristote ^, un effet d'anti- phonie très puissant et très expressif. Ces instruments à cordes nombreuses étaient, comme on voit, assez différents de la cithare, et bien plus émouvants. Quelques érudits de l'antiquité s'étonnaient devoir des instruments pareils usités à Lesbos à une date si ancienne; cela dérangeait évidemment les théories courantes de leur temps sur la simplicité de la musique primitive; mais d'autres, mieux avisés, répondaient que l'emploi de ces instruments re- montait à la plus haute antiquité ^ — Si les instruments à cordes avaient fait à Lesbos beaucoup do progrès, la flûte au contraire semble n'y avoir tenu qu'un rôle secon- daire et exceptionnel. Cela vient certainement de ce que la poésie lesbienne était avant tout monodique, c'est-à-dire chantée par une seule voix, celle du poète lui-même, qui s'accompagnait avec lebarbitoset n'aurait pu le faire avec la flûte. La flûte est plutôt l'instrument de la poésie cho*

��i. Fragm. 18. Un passage de Télestes (dans Athénée, XIV, p. 637, A) semble donnera la magadis cinq cordes seulement; mais le passage est obscur.

2. Théocrite, XVI, 45 (Pap6iTov noXy^op^^')-

3. *OÇu?cavoic TTTixTÎScov 4;aX|xotc« dit Télestes (dans Athénée, XIV, p. 625, F); le même poète (ibid.y p. 637, A) appelle la magadjs ittpott6- 9(i>voc. Cf. Horace, Sat. I, 6, 43.

4. ProbL XIX, 39.

5. Athénée, XIV. p. 635, F.

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