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STROPILES 207

Ces mètres s'ordonnaient soit en systèmes, soit en strophes. On sait que, dans un système^ selon l'appella- tion technique des grammairiens» tous les vers sont sem- blables entre eux, tandis que la strophe réunit des mètres différents. Strophes et systèmes, dans l'ode légère, sont fort simples. Dans les groupes systématiques de Sappho, les vers vont très souvent deux par deux^ La strophe du lyrisme d'apparat, parfois fort longue et toujours assez complexe dans sa structure, change avec chaque poème ; Tode lesbienne, au contraire, se contente d'une strophe courte, élémentaire, et qui se ramène aisément à un petit nombre de types invariables.

Les deux principaux de ces types sont connus sous les noms de strophe alcaïque et de strophe saphique. Ces deux formes de strophes sont la création la plus frap- pante des Éoliens, et celle à laquelle les noms d'Âlcée et de Sappho méritaient le mieux de rester attachés ; le lyrisme de Lesbos y avait mis toutes ses grâces. Toutes deux sont formées de quatre vers. Sur ces quatre vers, trois, dans la strophe saphique, sont semblables : ils se composent d'un dactyle compris entre deux dipodies tro-

��les trochées qui précédaient le dactyle central avaient une sorte d'instabilité surprenante : le premier pied pouvait y devenir presque arbitrairement un iambe, un spondée, ou deux brèves. Il est diffi- cile de rendre raison de ce fait. Cependant, si l'on songe qu'en gé- néral, dans les mètres grecs, la forme métrique est d'autant plus pure et plus sévèrement normale qu'elle coïncide davantage avec une forte intonation, on peut en conclure que, dans le mètre logaédique, c'est le dactyle qui formait, pour ainsi dire, le point lumineux du vers, et que le début en était comme obscurci par un débit plus sourd et plus égal. Ne serait-ce pas cette alternative frappante d'un chant d'abord voisin de la simple récitation, puis rebondissant avec force sur le dactyle, qui aurait fait donner à ces mètres le nom de logaé- dique ? Quoi qu'il en soit» le fait même de ce contraste est très pro- bable, et il devait bien convenir à l'expression des sentiments pas- sionnés. 1. Uéphestion, p. 115.

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