a08 CHAPITRE V. — LA CHANSON
chaïques complètes, si bien que le mètre commence sur un temps fort et finit sur un temps faible; le quatrième vers, parfois rattaché au précédent, se compose de deux pieds seulement, un dactyle et un trochée, qui ferment la strophe sur une cadence molle et comme féminine[1]. La strophe alcaïque est un peu plus compliquée et d’un caractère différent. Les deux premiers vers sont presque pareils à ceux de la strophe saphique,mais le mètre commence sur un temps faible et finit sur un temps fort, ce qui donne au rythme de l’énergie; le troisième vers, formé de trois dipodies iambiques incomplètes, a le même caractère de force, et l’ensemble s’adoucit par le rythme dactylotrochaïque du dernier vers[2]. En somme, la strophe alcaïque a plus de vigueur, la strophe saphique a plus de grâce ; l’une est plus virile, l’autre plus féminine. Il était naturel que la première fût préférée par Alcée et la seconde par Sappho. De là les noms qu’on leur a donnés, et qui attestent plutôt l’habitude des deux poètes qu’un usage tout à fait exclusif ou qu’un droit formel de priorité. Sappho a écrit des strophes alcaîques et Âlcée des strophes saphiques. Il n’est même pas sûr que les strophes saphiques de celui-ci ne soient pas antérieures à celles de sa rivale.
Quoi qu’il en soit, l’invention de ces deux formes