Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

214 CHAPITRE V. — LA CHANSON

une série de chanteurs improvisant à tour de rôle cha- cun un vers (comme il arrive aujourd'hui encore dans certaines espèces de chansons populaires *) et se succédant soit d'après leur place à table, soit dans un ordre plus capricieux qui pût motiver ce nom de oxoXtov. Mais les modifications subies peu à peu par le scolie et sa diffusion dans le monde grec firent promptement perdre de vue ce qui sans doute à l'origine le distinguait de tout aulre chant de table, sauf peut-être une certaine simplicité dont le souvenir persista, et l'emploi des mè- tres lesbiens, par où il continua do se distinguer des chants analogues d'origine ionienne, écrits habituelle- ment en distiques élégiaques. Bref, pour les Grecs du y® siècle déjà, comme pour nous, le scolie n'était plus que la chanson de table franchement lyrique, par oppo- sition à la chanson de table élégiaque ; et quant aux explications qu'on donna plus tard du mot axoXioy, c'étaient des hypothèses étyinologiques suggérées par le mot lui- même, mais sans aucun rapport certain avec les origines vraies du genre ^.

D'autres genres lyriques que l'ode amoureuse et la chanson de table furent cultivés à Lesbos. Alcée et Sap- pho firent soit des hymnes, soit des hyménées dont il nous reste des fragments. Mais, de même qu'en pays dorien le scolie devait se rapprocher de l'ode d'apparat, de même, à Lesbos, le lyrisme d'apparat ou semi-reli-

��1. Cf. H. de la Villemarqué, Darzaz Breiz, p. 396, et J. Tiersot, Histoire de la chanson populaire en France ^ p. 253.

2. Ajoutons seulement que, dans les scolies athéniens dont parle Athénée, l'usage de chanter k tour de rôle et séparément , que nous avons indiqué comme étant peut-être primitif, se retrouve encore fidèlement conservé. Il n'en était pas de même assurément dans les scolies de Pindaro. Mais, pour le scolie comme pour d'autres genres, à côté de la forme savante et perfectionnée, une certaine trace de la forme primitive et populaire a pu survivre dans une variété parti- culière du genre.

�� �