Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ââ8 CHAPITRE V. — LÀ CHANSON

  • • • • . » -

La* toiletté même ne lui semble pas superflue : elle se àioque d'une rivale qui ne sait pas disposer avec élé- gance les plis de sa robe * ; elle parle volontiers d'étoiles rares ^, de parfums % de bijoux : « Ne fais pas la (ière pour une bague », dit-elle à une rivale^. N'est-ce pas un trait bien féminin que cet amour des fleurs, de la beauté brillante et bien parée ?

Cette beauté charmante jette Sappho dans une ivresse tantôt douce et tantôt violente. Elle aime fortement, parfois avec une tendresse exquise, parfois avec des transports douloureux. Son amour s'exprime sans gros- sièreté^ mais sans pruderie ; son langage est naïf et hardi. Dans Tétat de mutilation où ses vers nous sont parvenus, il n'est pas toujours permis de savoir si c'est elle-même qui parle ou si elle fait parler quelque amou- reux ; mais peu importe : qu'elle parle sous son nom ou sous celui d'un personnage plus ou moins fictif, c'est toujours son âme qu'elle exprime. Or Tâme qui vit dans ses vers est ardente et passionnée :

Je désire et je brûles.

La lane et les Pléiades ont disparu ; la nuit est en son milieu,- l'heure passe, et je reste solitaire dans ma couche^.

L'amour me torture, dompteur des membres, doux et amer d la fois, monstre invincible 7.

L'amour ébranle mon âme, pareil au vent de la montagne qui s'abat sur les chênes s.

Et surtout ce passage, où la douceur des images dans

4. Fragm. 70.

2. Fragm. 155.

3. Fragm. 49, 156, 165.

4. Fragm. 35.

5. Fragm. 23.

6. Fragm. 52.

7. Fragm. 40. .

8. Fragm. 42.

�� �