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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/251

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SAPPHO 239

les premiers vers fait un si vif contraste avec la pein- ture intense de l'émotion physique dans les derniers ^ :

Celui-là me paraît égal aux dieux qui s'assied devant toi, et, de tout près, entend ta voix si douce,

Ton rire aimable, qui fond mon cœur dans ma poitrine. Dés que mon regard t'aperçoit, la voix me manque,

Ma langue se sèche, un feu subtil court sous ma: peau, ma vue se trouble et mes oreilles bourdonnent ;

Je ruisselle de sueur ; un tremblement me saisit tout entière ; ma couleur ressemble à celle de l'herbe, et je me sens pres- que mourir.

Ces admirables vers, imités par Théocrite^, traduits par Catulle % vantés par Longin ^, traduits de nouveau par Racine.S sont restés comme le type éternel des pein«  turcs de Tamour violent et profond qui s'empare de tout Tètre, qui le dessèche jusqu'aux moelles et qui devient une torture physique. Du premier coup, la limite du pathétique est atteinte : on pourra varier les détails, on ne dira jamais ni mieux ni plus fortement.

Est-il besoin d'ajouter qu^uné âme capable de sentir ainsi l'amour devait être accessible à la jalousie ? Plus d'un vers de Sappho nous la montre irritée. Elle blâme Âtthis de rechercher Andromède, ^. Elle se moque d'une orgueilleuse qu'un bracelet rendait vaine ^ Elle se plaint que son malheur lui vienne de ceux qu'elle traite avec le plus de faveur ^ On sent partout une âme délicate et frémissante.

��1. Fragm. 2.

2. Idylles, II, 104 et suiv.

3. Catulle, U, A.

4. Ou par Tanteur, quel qu'il soit, du Traité du sublimeyC. 10.

5. Phèdre, acte I, se. 3.

6. Fragm. 41. . .

7. Fragm. 35.

8. Fragm. 12. . • 'j : .

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