Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

344 CHAPITRE V. — LA CHANSON

noms d*Erinna et de Damophyla, dont ils faisaient ses élèves et ses amies. — On racontait qu'En nna ^ était morte à dix-neuf ans, après avoir composé des chansons à Timitation de Sappho ^, des épigrammcs, et surtout un poème intitulé La Quenouille^ « en trois cents vers di- gnes d'Homère. » Le peu qui nous en reste ne nous per- met plus d'apprécier le mérite littéraire du poème; nous en ignorons même le sujet; tout au plus peut-on conjec- turer, d'après un vers de l'Anthologie, qu'elle se repré- sentait comme obligée de Piler la laine malgré elle, par crainte de sa mère, et qu'elle prenait sa quenouille pour conGdente de ses rêves poétiques. Mais on voit encore, par les fragments, que le poème était écrit dans un dia- lecte semi-dorien. Cela semble indiquer qu'Erinna, dont on fait quelquefois une Lesbienne, était plutôt née, comme on le disait aussi, à Télos, pelite ile dorienno voisine de Rhodes. Il faut en outre noter qne la tradition qui la met en relation avec Sappho n'est nullement cer- taine. Eusèbe la fait vivre au iv® siècle : celte sorte do petit poème épique en miniature, de trois cents vers seulement, semble en effet mieux convenir à une époque peu ancienne \ Il est fort possible que la tradition qui fait d'elle une élève do Sappho soit née seulement de l'habitude d'établir entre les œuvres de ces deux femmes des comparaisons analogues à celle qu'on trouve dans l'épigrammo de TAnthologie. — Quant à Damophyla, c'était, dit-on, une Pamphyliennc, à laquelle on attribuait des chansons amoureuses et des hymnes *.

1. Suidas, V. *'IIpivva. Cf. Anthol Paint., IX, 100.

2. C'est ce qui ressort du vers 7 do l'épigramme de l'Anthologie.

3. Cf. Borgk, Poet, Lyr, gr. (4« éd.), t. III, p. 141-142 (923-926 des premières éditions).

4. Philoslrale, Vie d*ApolL I, 30.

�� �