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POÈMES ANAGRÉONTIQUES 261

certainement apocryphe. La seule question qui puisse encore se poser est celle de savoir s^il n'y a pas malgré tout, dans cet ensemble apocryphe, quelques pièces au- thentiques qui s'y trouveraient comme égarées. C'est la solution à laquelle ont incliné d'excellents connaisseurs, depuis Bentley jusqu'à Welcker *. Aujourd'hui cependant l'opinion à peu près unanime est que rien de tout cela n'est authentique. C'est en effet le plus probable. On ne saurait, en pareille matière, arriver h une certitude géo- métrique; mais il n'y a vraiment aucune des pièces du recueil qui ne prête le flanc à quelqu'une des objections indiquées plus haut. Il semble bien que la collection tout entière a dû provenir d'un premier fonds composé vers l'époque alexandrine par quelque amateur d'Anacréon s'amusant à faire des pièces anacréon tiques comme on a fait en France des pièces marotiquesy et que le recueil s'est peu à peu grossi par la curiosité des dilettantes. Ceux-ci d'ailleurs n'étaient nullement dupes de celte imi- tation; ils savaient à merveille que les poèmes dits ana- créontiques ne se trouvaient pas dans le recueil authen- tique des œuvres d'Anacréon et n'étaient qu'un pastiche et un badinage. La question ne put faire doute qu'à par- tir du moment où les œuvres authentiques furent perdues. Quant à savoir quelles sont au juste^ parmi ces soixante et quelques pièces, celles qui appartiennent au premier fonds, celles qui proviennent d'une autre origine, et celles enfin qui sont d'époque tout à fait récente, ce sont là des problèmes fort discutés depuis un demi-siècle, mais fort obscurs, et d'ailleurs peu importants : il ne vaut pas la peine de s'y arrêter, surtout à propos d'Anacréon qu'ils n'intéressent en rien. Au contraire, il y a deux points qu'il est utile de toucher en quelques mots : d'abord, quelle est la valeur littéraire du recueil^ si admiré pen-

1. IléâiiQiô de riiis torique du ces questions, dans Flach, p. 551.

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