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282 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL

des différences que la nature des exécutants avait vite suggérées à la (inesse grecque. Un chœur de jeunes filles appelle d'autres inspirations qu'un chœur de guerriers ou de jeunes gens. La noblesse grave du prosodion or- dinaire s'y était amollie et comme détendue. Même la sévérité d'un Pindare y devenait souriante : ses parthé- nées, nous dit-on, étaient écrits d'un style tout différent do celui de ses autres odes K C'est que l'inspiration pre- mière en était aussi fort différente. Une sorte de galan- terie gracieuse y était de mise. Le chœur avait sa part des louanges qui étaient dues d*abord à la divinité. Ce caractère à demi religieux et à demi profane était consi- déré par les anciens comme si essentiel au parlhénée que Proclus s'en autorise, dans sa classification des genres lyriques ^, pour mettre cette sorte de poèmes dans une catégorie mixte, entre les hymnes consacrés exclusivement aux dieux et les encomia consacrés à des hommes. Dès que le parthénée apparaît dans Thistoiro littéraire, ce trait s'y montre; il est très remarquable chez Alcman.

Les poètes du lyrisme choral ont presque tous pra- tiqué ce genre gracieux : Simonide, Bacchylide, Pindare avaient composé des parthénées en grand nombre . De leur temps, le genre du parlhénée était partout ré- pandu. Mais c'est à Sparte, et grâce à l'art d* Alcman, qu'il arriva pour la première fois à la perfection. Et cela était naturel. Sparte était la cité par excellence des chœurs virginaux : avec ses fêtes en l'honneur d'Artémis et d'Apollon, avec l'éducation gymnastique presque virile qu'elle imposait aux jeunes filles, elle avait à la fois les occasions nécessaires et les éléments de ces chœurs. Il fallait seulement qu'un artiste se rencontrât pour tirer

��1 . Denys crHalic, De l'Elor/uence de Dém., c. 39.

2. Chreslom., 8 (p. 243, Weslphal).

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