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ALGMAN 295

Les trois premières strophes, très mutilées, ne laissent plus guère voir que quelques noms propres et quelques épithètes çà et là. Ces misérables débris sont pourtant d'un grand intérêt. Les noms propres sont ceux de Pol- lux, puis des fils d'Hippocoon. Un récit mythique rem- plissait donc CCS strophes. Suivant l'habitude d'Alcman, rénumération s'y prolongeait avec ampleur : tous les fils d'Hippocoon s*y succédaient Tun après Tautre. A la On, elle venait aboutir à cette conclusion morale :

Ayant osé commettre d'horribles actions, ils ont souffert de grands maux.

C'était la fin du mythe.

Au début de la strophe suivante, une maxime morale servait de transition :

Il est une vengeance divine : heureux qui vit sagement et sans larmes; pour moi je chante Agido, etc.

Et tout d'un coup le poète, abandonnant la légende, revenait aux jeunes filles du chœur pour ne plus les quitter. On saisit là sur le vif ce mélange du religieux et du profane, du divin et de l'humain, que les anciens signalent comme un des traits du parthénée. Le passage se fait, chez Alcman, avec une brusquerie tout h fait naïve. A partir de là, le ton change, et le poème, qui avait dû s'ouvrir par des catastrophes et des combats, finit par des éloges de la beauté.

Les trente vers qui suivent sont relativement bien con- servés. A les prendre un par un, le sens n'en parait pas trop obscur. Mais quand on veut les lire de suite, mille difficultés apparaissent. Deux noms de jeunes filles, Agido et Agésichora, s*y succèdent sans cesse, et leurs éloges s'y entrelacent de telle sorte qu'on ne sait plus comment les démêler : on en vient à se demander parfois

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