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304 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL

culanls ^ ? La première hypollièsc est la plus probable, parce qu'elle est la plus simple. Le dithyrambe étant con- sacré à Bacchus, quoi de plus naturel que de Ggurer, au moyen du cliœur, le corlëgo même du dieu, et de faire célébrer aux satyres, par des chants et des danses, les louanges de Dionysos? Une convention facile, peut-être un déguisement partiel, transformait les cboreutes en satyres. Rien de plus simple, mais rien de plus fécond : c*est là une des raisons essentielles qui firent sortir le drame du dithyrambe. Qu'est-ce en effet que le drame, sinon, comme le dit Aristote, la représentation d'une action par des personnages qui ne figurent plus en leur propre nom, mais qui jouent un l'oie? Or, dans tous les autres genres lyriques, il ne semble pas que les cboreu- tes aient jamais joué à proprement parler un rôle : ou bien ils sont eux-mêmes, les citoyens de telle ou telle ville réunis pour fôter un dieu, ou bien (ce qui est de beau* coup le plus ordinaire) ils ne sont que la voix du poète, et leur personne disparait absolument. C'est à peine si dans rhyporclième peut-être, à cause du caractère imi- tatif que les anciens lui reconnaissent, on peut soupçon- ner autre chose. Dans le dithyrambe, au contraire, l'élément dramatique est manifeste. Ce trait, joint au caractère passionné du genre, explique la naissance de la tragédie. Les progrès ultérieurs seront infinis ; mais le fait initial, celui qui a donné l'impulsion première et décisive, c'est la transformation des choreutcç du dithy- rambe en personnages mythiques ^. Arion, qu'on appelle le créateur du dithyrambe, était

��i. Suidas, Y. *Aptu)v : H^fezon ... xa\ Satupouc elaeveYxeïv t\L\u':pa XÉYOVTa;.

â. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire que cette transformation ait été de règle absolue et invariable: il suffit qu'elle se soit produite q'uelqucfois, qu'elle ait peut-ôlre été particulièrement en usage dans telle ou telle cité, pour que la naissance du drame soit expliquée.

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