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LE DITHYRAMBE 303

flûto K Le mode phrygien, le plus passionnéde tous, était le mode dithyrambique par excellence : on racontait que Philoxène, ayant essayé de composer un dithyrambe dans le mode dorien, était revenu malgré lui au mode phry- gien '. Le rythme entraînant du bacchius ', les crétiqucs et les choriambcs, les formes les plus rapides des ryth- mes à trois temps animaient une poésie hardie, pleine do grands mots étranges, audacicusement composés, où l'enthousiasme associait les idées, les sentiments et les images avec une brusquerie imprévue *.

Le chœur dithyrambique ou cyclique est souvent ap- pelé aussi « tragique », Tpayixo; 5(op6; *. Le sens de ce mot n*est pas douteux : il fait allusion aux satyres, com- pagnons ordinaires de Bacchus, que la tradition repré- sentait avec des pieds de boucs (Tpayo;), et qui manifes- tement jouaient un rôle dans l'exécution du dithyrambe *. Formaient-ils primitivement tout le chœur? ou bien, comme le dit Suidas, un groupe distinct parmi les exé-

��1. Pollux, IV, 104 : Tup6a<jia 8é èxaXeÎTO to ^px-rwia. xh 6i6upaii6ix6v. — Sur la convenance naturelle entre la llùte et le mode phrygien, cf. Aristûlo. Polit., VIII, 7 (p. 1342, B, 1-2, Bekker).

2. Aristote. Polit., VITI, 7 (p. 4342, B); cf. Proclus. Chrestom., 14 (Scriptores melricif Wealphal, p. 245j.

3. Schol. d'Hépbestion {Scriptores melricif p. 134).

4. C'est ce qu'Aristole (Poét,, c. 22, et Hhét., III, 3, 3) appelle les ItnlotX Xé^i;, habiluelles, dit-il, aux poètes dithyrambiques. Athénée (X, p. 445, A-B] attribue à Anlhéas de Lindos, contemporain de Clôobule de Sicyone, le premier emploi des <ruvO£Ta ôv6(j.aT0( dans le dithyrambe. Il est souvent question chez les rhéteurs grecs de ce caractère de la Sidupa(x6ixT) Xé^iç. (Le passage de Proclus relatif au dithyrambe semble dire le contraire; cola tient, selon la juste re- marque de Bergk, à ce qu'une transpositioo fautive a rattaché dans nos mss. une phrase sur le dithyrambe au passage qui parle du nome, et vice versa).

3. Par exemple, dans Hérodote, V, 67.

6. Hèsychius, v. Sàtupo; ; Photius, Lexique, v. JUropoç. Le nom du drame satyrique, ce frère jumeau de la tragédie^ sorti aussi du dithy- rambe, conduit à la même conclusion.

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