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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/360

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35 8 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL

la pitié; il est admirable par un certain pathétique doux où personne, selon le jugement des anciens, ne l'avait égalé ^

Quoique ionien de naissance, Simonido écrit en dorien (du moins dans ses poèmes lyriques, les seuls dont nous nous occupions pour le moment). Rien ne montre mieux combien le lyrisme choral d'apparat est alors solidement constitué : il a sa tradition inviolable. Ce dorien n'était parlé nulle part; c*était une langue littéraire dont la langue homérique formait le fond avec une teinte do dorisme; mais c'était la langue de Stésichore et d'Ibycos. Simonide la recueillit à son tour et la transmit à ses suc- cesseurs. Peut-être son séjour en Thessalie l'amena-t-il à faire place parfois à certains éolismes locaux ^. Ce qui domine pourtant, et de beaucoup, ce sont les formes semi-dorienncs dont se sert aussi la tragédie attique dans les chœurs ^

Le vocabulaire de Simonide est relativement simple. Il sait manier avec élégance les belles épithètes composées qui abondent dans le lyrisme grec, et l'on en pourrait ciler d'agréables exemples*; mais très souvent aussi il ménage les épithètes : il met sous nos yeux de vives images en peu de mots. 11 avait le don de faire voir les choses \ Nous avons cité sa comparaison du t(;mps avec un point. Ailleurs ^ parlant des vicissitudes humaines, il disait : « La mouche, en son vol, a des détours moins

��1. Quintilien, hislit. Or.» X, 1, 64. Cf. Denys d'Ilalicarnasse, Juge- 7nent des Anciens, c. 6, et Arrangement des mois, c. 23.

2. Cf. fragm. îi9 : ToOto yàp {làXio-Ta çf,p ïrcxt^t iz'j'ip.

3. Sur lo dialecte de Simonide, voir, outre l'élude générale d'Ah- rens (Veber die Mischung der DiaL etc. ; Congrès des Philologues alle- mands à Gœttingen, 1853), un travail de Schaumborg, Qiiapstiones de dialerto Sitnonidis Cet, Hachylidis, Ibyci, (^jUîb, 18"Î8 (programme).

4. Fragm. 45, 40, etc.

5. Longin, Sublime, XV, 7. Cf. fragm. 209.

6. Fragm. 32.

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