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SIMONIDE 819

rapides. » L'image est vive, mais Texpression est simple. Même dans une ode triomphale, il ne craint pas un jeu de mots plus amusant que noble K La phrase est en gé- néral courte et nette. On sent dans Tallure de ce style Télégiaque et Tlonien.

Cette brièveté, d'ordinaire, est simplement élégante; quelquefois elle est frappante et forte; par exemple dans ce fragment de Tode sur le combat des Thermopyles :

De ceux qui périrent aux Thermopyles, illustre est le sort et glorieux le destin. Pour eux, point de tombeaux, mais des au- tels; point de larmes, mais des hymnes; point de lamentations, mais des éloges : monument que ni la rouille ni le temps dé- vastateur ne détruiront jamais. L'urne qui contient la cendre de ces braves a pris à la Grèce son lustre le plus éclatant; témoin Léonidas, le roi de Sparte, dont la vertu glorieuse brille d'un éclat impérissable *.

D'ailleurs Simonide sait conduire sûrement à un but marqué d'avance la suite de ses petites phrases; il sait les enchaîner en un subtil raisonnement dialectique, ou bien les presser les unes contre les autres pour émouvoir la pitié par l'accumulation des détails délicats et touchants.

Le long fragment de son ode aux Scopades est un très curieux exemple de sa dialectique souple et habile. C'est ïh qu1l discute la question de la vertu parfaite, dont nous avons parlé plus haut. Rien de plus délié que loute la série des distinctions et des nuances morales où son es- prit se joue avec grâce et sûreté; rien qui ressemble moins à la hauteur souveraine de Pindare. C'est d'ailleurs d'un ton aisé, presque enjoué, qu'il discute ce problème moral : l'ode triomphale, dans Simonide, n'a rien de so- lennel ni de gourmé. Il se met en scène avec une bonho- mie toute familière :

1. Sur le nom de Kpt6c (fragm. 13).

2. Fragm. 4.

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