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â58 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL

des indications fort insuffisantes, mais il n'est pas témé- raire de croire que la réforme accomplie fut profonde et que c'est à Lasos d'Hermioné que se rattache directe* ment le dithyrambe attique du \^ siècle, si différent de l'ancien, et qui semblait tout à fait révolutionnaire aux partisans de l'antique sévérité ^

• Timocréon de Rhodes, athlète ' et poète lyrique, est surtout connu par sa haine contre Thémistocle ^ Quel- ques-uns de ses fragments, par la simplicité du mètre, semblent le rattacher à la tradition lesbienne et. popu- laire; mais le principal d'entre eux montre en lui un disciple de la versification dorienne. Il avait composé notamment des scolics ^. Trois morceaux conservés par Plut arque (dont un de douze vers) révèlent Tâpreté de sa verve, digne de la comédie ancienne ^ Mais il avait aussi de- la grâce. Simonide, ami de Thémistocle, avait composé sur Timocréon, vivant encore, cette épitaphe satirique :

Après avoir beaucoup bu, beaucoup mangé, bçauconp mé- dit, ci-glt Timocréon le Rhodien «.

Timocréon répondit par deux jolis vers à peu près intra- duisibles, car ils tirent leur agrément de Tordre et de la répétition des mots :

le dithyrambe, accompagné par la cithare, cette variété des notes et cette étendue des intervalles. Il no s'agit pas là de polyphonie au sens moderne du mot. C'est ce qu'a très bien vu £. Graf, De veterum Grœcorum re musica, p. 2 (Marbourg, 1889; dissertation).

1. Sur Lasos, cf. spécialement Schneidewin, De Laso Hermionensi commentatio, Gœttingen, 1842; cf. aussi Ulrich, Gesch. der Griech, Dichtkunst, p. 140.

2. nonr)TT|ç xal àeXt^rn; irévTaôXoç, dit Athénée, X, p. 415, F.

3. Plutarque, Thémistocle, 21. Il fut accusé de médisme et banni.

4. Fragm. 8.

5. Suidas, ayant mal compris l'original qu'il abrège, range Timo- créon parmi les poètes de la comédie ancienne.

6. Simonide, fragm. 169. On sait que les athlètes passaient pour de gros mangeurs.

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