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BIOGRAPHIE 371

maintes reprises, s'il chante pour des Éginètes, ou pour un tyran de Syracuse, il évoque les souvenirs glorieux de la guerre d*indépcndance. Les noms deSalamine et de Platée viennent d'eux-mêmes sur ses lèvres : loin d'hésiter à les prononcer, il semble en chercher l'occasion *. Aussi, quand Plutarque veut glorifler Athènes, Pindare est un des premiers dont il invoque le témoignage -. Comment mettre d'accord ces faits incontestables avec l'attitude que Polybc prête à Pindare ? La situation du poète thé- bain fut alors difficile et douloureuse. Il est probable qu'il essaya do concilier par beaucoup do réserve ce qu'il devait à la Grèce et ce qu'il devait à Thèbes ^

Durant les quinze ou vingt années qui suivirent Sa- lamine, nous voyons Pindare, dans le plein éclat de sa renommée, en relations avec les princes et les grands de toutes los parties du monde grec et composant ses plus beaux ouvrages. C'est le temps des dithyrambes athé- niens, des odes à Hiéron de Syracuse, à Théron d'Agri- gente, à Arcésilas de Cyrène, à Chromios d'Agrigente et à tant d'autres. L'exécution d'une ode ne réclamait pas toujours la présence du poète ; nous en avons la preuve dans Pindare lui-même; il compare un de ses poèmes à une marchandise phénicienne qu'il envoie au delà des mers sans l'accompagner personnellement^. Quelqu'un de ses élèves ou de ses auxiliaires pouvait en surveiller l'exécution ^. Il dut pourtant faire de nombreux voyages. — Le plus important, soit par les œuvres qui en sont sorties, soit, à ce qu'il semble, par sa durée, est celui qu'il

1. Tsihm., VII (VIII), 20; IV (V), 60 et suiv. ; Pyth., 1,148 etsuiv.

2. Plutarque, Gloire des Athéniens, c. 7.

3. Pour une discussion plus détaillée de ce problème, cf. Poésie de Pindare, p. 201-273.

4. Pylh.f II, 123 sqq., et le scholiaste.

5. Il nous a lui-même transmis les noms de deux de ces auxiliai* res, appelés Nikésippos {Isthm., II, 68} et Énéas (Olymp,, VI«  149). CL Poésie de Pindare, p. 97.

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