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370 CHAPITRE VII. — PINDARE

politique, soit comme soldat, un rôle vraiment actif. Mais, sans se mêler directement à la politique, il était bien difficile que la Muse n*y touchât pas par quelque endroit, quand la liberté même de la Grèce était en jeu et quand tous les cœurs étaient tenus en suspens par l'at- tente des événements. Polybe accuse formellement Pin- dare d'avoir, dans ces circonstances, encouragé les dis- positions antipatriotiques de ses concitoyens S et il cite à titre de preuve des vers tirés d'un de ses hyporchèmes *. L'autorité de Polybe est grande. Il semble pourtant qu'ici, dans son aversion pour la politique des aristocraties grec- ques, il ait indûment chargé le poète thébain. Les vers cités par Polybe se rapportent à la guerre civile. Il est probable que la démocratie thébaine, favorable h l'indé- pendance nationale, frémissait sous le joug des aristo- crates et songeait à le secouer ^ Pindare exhorta les Thé- bains à la concorde, et si, en soutenant le pouvoir de l'aristocratie, il se trouva favoriser le parti antinalional, ce ne fut du moins que tout à fait indirectement. Rien ne prouve d'ailleurs que, dans l'aristocratie même, il n'ap- partint pas à la fraction modérée, amie de la cause na- tionale. 11 y a, on effet, dans la vie de Pindare, d'autres . circonstances qu'on ne saurait guère expliquer sans cela. D*abord, il semble bien qu'il ait passé hors de Thèbes, dans la patriotique Egine, presque tout le temps de la seconde guerre niédique *. Ensuite, c'est un fait très certain que Pindare a beaucoup loué Athènes de son rôle dans les guerres médiques \ II lui a prodigué les éloges, et Athènes, dit-on, l'en récompensa magnifiquement ^. A

d. Polybe, IV, 31. 2. Fragm. 8C.

{\. Elle y réussit un i>eu plus tard, avec le secours des Grecs vain- queurs des Perses.

4. Cf. L. Schmidt, p. ISl.

5. Cf. fragm. 54 et 53.

6. Isocrato^ Antidosis, 106.

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