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IDÉES RELIGIEUSES ET MORALES 375

��II

��On peut dire que ce qui domine chez Pindare, de quel- que côté qu'on l'envisage, c'est, dans une fldélité cons- tante aux traditions lyriques et aux convenances do son rôle, la grandeur et l'élévation. Ce caractère est frappant d'abord dans ce qu'on pourrait appeler sa philosophie ; il ne Test pas moins dans son attitude à l'égard des per- sonnes.

§ 1. Les idées de Pindare *.

Vers la fin du vi® siècle et le commencement du v®, deux courants d'idées très différents partageaient la pen- sée grecque. Le peuple croyait aux dieux d'Homère et d'Hésiode, admirait les victoires agonistiques, était fer- mement attaché à son culte traditionnel et à ses fêtes lo- cales. Les philosophes, au contraire, parla bouche des Heraclite et des Xénophane, lançaient un éclatant défi à ces deux choses si admirées et si aimées, la religion po- pulaire et le stade. Entre ces deux courants, le choix du poète lyrique no pouvait être douteux. Prophète de la Musc, il n'a pas le droit de;la renier. Il est la voix de ce passé, de ces traditions religieuses et morales que le phi- losophe désavoue. Il est le ministre obligé de ces fêtes que Xénophane déteste. Il n'a pas le droit d'être philoso-

��1. Cf. Bippart» Pindars J^ben, We/tansrhauung und Kunst^ lena, 1848; Buchliolz, Die siltliche Weltanschauung des Pindaros vnd Als- c/jy/o5, Leipzig, 1869 (ouvrage meilleur que le précédent); Bœhme, Quid Pindarns tum de jure humano tum de jure divino senserit, Leip- zig, 187^ (dissertât.); CipoUa, Délia religione di Eschilo e di Pindaro, dans la lUvisla di FUologia,y\ (1878). On peut lire aussi l'ouvrage de Villcmain, Essai sur le génie de Pindare, etc., Paris, 4859, où cer- tains côtes de l'esprit pindariquo sont bien saisis, malgré plus d'une erreur grave.

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