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IDÉES RELIGIEUSES ET MORALES 379

Ëcarte ce langage, ô ma bouche ! Blasphémer les dieux est une mauvaise sagesse, et se vanter hors de propos est folie. Point de bavardages insensés. Que la guerre ni les combats n'approchent des Immortels *.

O fils de Tantale, dit-il ailleurs 2, je parlerai de toi autre- ment que nos pères.... Parler magnifiquement des dieux con- vient mieux à l'homme; s'il se trompe, la faute est moindre.

D où vient, chez Pindare, cette hauteur do pensée? Faut-il en cherclier la source dans Tinfluence soit des doctrines orphico-pythagoriciennes, soit des mystères, si importants alors en Grèce, et auxquels Pindare aurait pu être initié? Qu'il y ait, dans les vers du poète, plus d'un détail où se montre ce genre d'influence, c'est ce qu'on ne peut nier. Quand il appelle le Temps « le plus puissant des bienheureux ^ », il s'exprime comme un Orphique. Quand il parle da démon qui accompagne cha- que homme *, on reconnaît encore dans ce langage des termes orphiques ou pythagoriciens. Ce sont là, malgré tout, des traces légères et rares. La théologie de Pindare n*a pas un air de secte ni d'école; elle n'a rien de secret ni d'ésotérique ^ On ne peut donc pas dire que Pindare ait été l'adepte d'aucune de ces doctrines particulières; mais ce qui reste vrai, c'est que toutes ensemble ont agi sur son esprit; ou plutôt encore, il a pris sa part de la transformation intellecLuelle d'où elles-mêmes sont sor- ties et qu'elles ont à leur tour précipitée. Il n'est pas do ceux qui respectent tout du passé : il réfléchit et il juge. Il n'est ni un Pythagoricien, ni un Orphique, ni un initié. Mais il subit l'influence de tout ce mouvement de la pen-

��1. Olymp. IX, 54.

2. Olump. I, 54-59.

î. Fragm. 10.

4. Objmi). Xrn, 38; Vyth, V, 165.

5, .1. (iirarJ, Sentiment relUjieux^ 3^ odition, p. 412-413, et Eludes sur la poésie grecque, p. Î)4-10U.

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