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380 CHAPITRE VII. — PINDARE

s6o grecque. Respectueux de la tradition, il est aussi de son temps, à sa manière, avec ses qualités propres, sa gravite fière, son gôùt do la beauté morale, son sérieux et sa force.

Sur la destinée humaine et sur la morale, le caractère général do ses vues est analogue. Il suit la tradition en Tépurant. Il emprunte parfois aux doctrines récentes quelque noble idée ; mais surtout il introduit dans la tra- dition nationale la gravité religieuse et la virile fermeté de son inspiration propre.

Êtres éphôméres, que sommes-nous, que ne sommes-nous pas ? L'homme est le lôve d'une ombre K Mais quand les dieux dirigent sur lui un rayon, un éclat brillant l'environne, et son existence est douce*.

Ces paroles résument bien la pensée do Pindarc sur la vie humaine. La faiblesse de Thomme est grande, elle n'est point sans espérance. Le bonheur peut luire, avec l'aide des dieux, sur ces êtres fragiles et éphémères. A lire isolément certains de ses vers, on pourrait le pren- dre pour un mélancolique et un désespéré. La vie de riiommc est pleine de misères : suivant une vieille ma- xime, Zeus envoie aux mortels deux maux pour un bien ' :

Dans l'espace d'un moment, les souffles inconstants de la fortune tournent d'un pôle ù l'autre *.

La prospérité des mortels s'élève en peu de temps, mais de même aussi elle tombe par terre, renversée par une pensée contraire s.

L'esprit de Thommc est le jouet de Terreur : « Autour

1. Cf. Eschyle, Prométhéc, ;i4G.

2. Pyth. Vlil, 135 et suiv.

3. Pyth.lU, Ui».

4. Ohjmp. XIII. 474.

5. Pi/th, VIII, 131.

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