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IDÉES RELIGIEUSES ET MORALES 385

Les amis sont utiles en bien des manières; ils le sont sur- tout dans la peine; mais la joie aussi cherche le regard fidèle d'un ami ^

Puis celte grande loi qui retentit à travers l'antiquité grecque comme le résumé de toute sagesse, et que Pin- darc répète (il le dit lui-même) après bien d'autres : My)$&v oyav, « il faut fuir toute extrémité ^ » . Sous plusieurs formes, il y revient et il y insiste.

Est-ce à dire que Pindare ne descende jamais de ces hauteurs? Ce serait une erreur do le prétendre. Les frag- ments de ses scolies, en particulier, nous le montrent parfois sous un jour un peu différent . Xénophon de Corinthe, vainqueur à Olympie, avait imaginé de faire figurer dans son triomphe de nombreuses hétaïres. Pin- dare fut chargé de faire d*abord en son honneur un épi- nîcie (c'est la xiii® Olympique), puis un scolie, dont il nous reste quelques fragments. Dans ce scolie, Pindare chantait précisément les hétaïres de Xénophon, et, quel- ques vers plus bas, il s'arrêtait pour exprimer sa sur- prise de ce rôle, si différent de sa gravité accoutumée :

Que vont dire de moi les dieux de l'Isthme, quand j'ima- gine un tel début à un agréable scolie, associant à mes vers des femmes publiques s ?

Quoi qu'on puisse alléguer à ce sujet, la liberté du scolie avait de quoi surprendre, puisque c'est Pindare lui-même qui se demande ce que Zeus et Poséidon vont penser de lui. D'autres exemples du même genre pour- raient encore être cités. C'est que Pindare, encore une fois, n'est pas un ascète. Il vante le plaisir, demandant

��1. Ném, VIII, 71.

2. Fragm. 201.

3. Fragm. 99.

Hist. de la Litt. grocqoe. — T. II. 25

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