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RELATIONS AVEC LES PERSONNES 387

d'un vol impétueux l'espace immense, et d'un coup d^ailo monte jusqu'au ciel*.

Il ne faut pas croire qu'en face des grands et des ri- ches qui paient ses odes il se sente dans la situation dé- pendante et médiocre d'un mercenaire vis-à-vis de celui qui l'emploie. Le salaire qu'il reçoit est le prix légitime de ses chants, mais n'est pas celui de ses complaisances. Le poète peut se faire payer % mais ne doit pas être cu- pide ^ A mainte reprise, il dit son horreur do la flatterie et du mensonge, son amour de la vérité. Les singes et les renards ne lui inspirent que du mépris * ; il aime le cou- rage des lions fauves \ Ce ne sont pas là de simples for- mules. Toutes ces paroles sont bien d'accord avec le mot que son biographe lui prèle (« je veux vivre à mon gré, non au gré des autres »), et qui, s'il n'est pas très au- thentique, exprime du moins l'opinion que l'antiquité s'é- tait formée de son caractère.

Au reste, il suffit do lire les odes triomphales pour s'en rendre compte. Le poète lyrique a pour rôle essentiel, il est vrai, de célébrer son hôte : dans un encomion, les élo- ges sont de règle. Mais il y a bien des manières do louer. Le poète n'est pas un flatteur à gages ; il est l'ami et, par sa gloire, presque l'égal de son hôte princier. Avec de la prudence et du bon goût, il peut faire accepter do sages conseils. Il ne dépend que de lui de préserver sa propre dignité. Il n'a pas besoin de crior pour se faire entendre ni d'être grossier pour être sincère. Il faut que le poèto lance avec adresse les « flèches parlantes » que la foulo ne comprend pas, mais qui vont sans erreur à leur but ^ ;

��1. Olymp. II, 154 et suiv.

2. Pyth, XI, r.4.

3. hthm. II, iO.

4. Pyth, II, 131.

5. Fragm. 222.

G. Olymp., II, 150 et suiv. (^i\-t\ çcùvàevra ouvetoTaiv)»

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