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398 CHAPITRE VII. — PINDARE

vive, brillante, ou sentencieuse et gravej ou interroga- tive, ou exclamative. Rien dans tout cela de particulière- ment notable ^ Mais souvent aussi elle est fort longue, et alors la structure en est curieuse à étudier. Il y a telle de ces phrases qui dépasse l'étendue d'une strophe en- tière et qui arrive, par une série de liaisons et de con- jonctions, à dérouler d'un seul mouvement huit, dix, douze vers lyriques, ou même davantage. Chez les ora- teurs, chez Isocrate par exemple, on trouve des périodes qui remplissent près d'une page entière. Mais ces phra- •ses oratoires ont une unité logique rigoureuse : ce sont des périodes dans le sens technique du mot. Les grandes phrases de Pindare n'ont rien de périodique. Ce qui mène son inspiration d'un bout à l'autre de ces longues suites de mots, ce n'est pas la contention d'un esprit ap- pliqué à son raisonnement : c'est un flot toujours renais- sant d'images, d'idées, d'émotions qui sortent les unes des autres par de soudaines associations et qui se rattachent entre elles, au point de vue grammatical, par les liaisons les plus simples et les moins logiques. On dirait des sou- venirs qui se réveillent l'un l'autre dans la mémoire du poète à mesure que ses chants se déroulent ; un nom prononcé en évoque un autre ; un fait mentionné amène une explication, et ainsi, de proche en proche, la phrase s'étend à l'infini sans que sa structure même oblige ja- mais à la terminer ici plutôt que là. Ce qui détermine Pindare à finir sa phrase ou à la prolonger, c'est l'élan plus ou moins fort de son imagination, c'est une sorte d'instinct rythmique qui lui fait trouver dans la succes- sion des phrases courtes et des phrases longues le ba- lancement le plus harmonieux; mais, au point de vue logique, on peut dire que presque toujours une longue

1. Sauf peut-ôtro lo caractère épique et archaïque de 8a syntaxe. Cf. Gilderslceve, Sludies on Pindaric sijntax, dans l'Ametican [Journal of Phihlogy, t. III et IV.

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