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DISCOURS ET RÉCITS 401

Castor csl Ticlèle, lolaos est dévoué ; et chacun d'eux l*est avec un éclat admirable, niais non pas d'une manière qui lui soit absolument propre ni avec des traits qui fassent de son personnage une^création neuve et distincte. Aussi les discours, par lesquels s'expliquent les caractè- res, sont brefs et rares dans les odes triomphales.

La IV® Pythique est le seul des poèmes de Pindare au- jourd'hui conservés où l'on trouve quelque chose qui res- semble à l'opposition dramatique de deux caractères (Jason et Pélias) et des discours qui servent à montrer cette opposition. On sait que ces traits, au contraire, étaient fréquents chez Stésichore. Pindare s'est ici visible- ment inspiré du poète d'Himère, soit pour Tétendue du poème, soit pour la manière de le traiter. Encore la pein- ture des deux caractères est-elle fort légèrement esquis- sée et Téloquence des deux personnages très laconique.

Dans les récits, ce goût de concentration et de brièveté produit un effet très particulier qui les distingue abso- lument des narrations épiques. La narration homérique raconte les faits comme si le lecteur ne les connaissait pas encore ; elle l'instruit et le met au courant, sans lon- gueurs, mais sans précipitation. La narration pindarique suppose le lecteur instruit du fond des choses ; elle pro- cède par allusions vives et brillantes ; elle ne s'occupe en aucune manière de suivre pas à pas le progrès des évé- nements ; elle court d'un tableau à un autre tableau ; elle y entremêle des maximes ; elle songe moins à expo- ser les faits qu'à rendre avec éclat, avec force, les émo- tions que l'imagination du poète reçoit du contact des choses ; elle éveille notre curiosité plus qu'elle ne la sa- tisfait ; elle ne trace qu'un résumé, qu'elle écrit, pour ainsi dire, en lettres d'or. Souvent aussi, elle a des sous- entendus, des arrière-pensées ; tout en racontant, elle veut prouver quelque chose, qu'elle insinue. Dans Pio^ dare, il y a certains traits de l'orateur^ non le style

Hiat. de U Litt. gr«eqa«. » T. II. 26

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