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416 CHAPITRE VII. — PINDARE

cet égard d'une ode de Pindare comme d'une comparaison homérique ou d'une fable de La Fontaine. Otez des com- paraisons homériques les « longues queues » odieuses à Perrault : la logique y gagnera, mais non la poésie. Cha- que fable de La Fontaine porte en elle-même sa conclusion et sa morale ; mais qui prétendra que le poète songe sans cesse à sa conclusion, que toutes ses paroles y tendent, qu'il ne s'attarde jamais, chemin faisant, à cueillir quel- que brin d'herbe ou quelque fleur dont la grâce l'aura charmé ? Une fable méthodiquement construite ne serait plus une fable de La Fontaine : ce serait une fable de Lessing; mais du même coup ce serait de la prose.

La i""® Olympique adressée à Hiéron, la iv® Olympique, adressée à Arcésilas, sont d'admirables exemples de ce développement poétique et libre d une idée abstraite ex- primée plus ou moins vaguement dans Tode elle-même, mais qui en est, pour ainsi dire, la moralité nécessaire, et qui se dégage de la diversité des détails comme, dans Le Chêne et le Roseau ou dans Les Animaux malades de lapeste^ la conclusion, exprimée ou non par le fabuliste, sort naturellement du récit.

Voilà donc ce qu'est l'idée lyrique et comment elle agit sur l'ensemble du poème. Peut-on maintenant discerner comment, dans l'unité supérieure de cette idée fondamen- tale, les différents groupes s'ordonnent et se distribuent?

Un premier fait à considérer, c'est la concordance qui existe dans la poésie de Pindare entre les divisions na- turelles de la pensée et les groupes rythmiques appelés strophes et triades. La triade surtout, ce groupe rythmi- que et mélodique dont l'indépendance est si fortement marquée, est en même temps pour Pindare une véritable unité poétique : par un effet très naturel, le mouvement de la pensée s'est adapté aux cadres du rythme et de la mélodie. Les exceptions à cette loi sont peu importan- tes. — Il faut seulement ajouter, pour éviter toute oxa-

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