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ORPHISM£ 447

doctrine. C'est ce que firent les Orphiques. Ils crurent à la migration des âmes. Que cette idée vienne de i*É- gyptc» comme le dit Hérodote S ou simplement du mou- vement naturel de la pensée grecque, peu importe : le fait lui-même n'est pas douteux ^. Il est certain aussi que rOrphisme se tourna de bonne heure vers une con- ception semi-panthéistique du monde, dans laquelle Zeus devint le nom de la force universelle ^ Il s'occupa égale- mont de refaire la Théogonie d'Hésiode en y développant le rôle des divinités abstraites telles que TAmour et le Temps. Mais la date précise des diverses inventions cosmologiques de l'Orphisme est difficile à établir avec certitude ^, et, littérairement, elle n'a pas beaucoup d'importance. — Outre un certain nombre d'idées théori- ques, de croyances plus ou moins arrêtées, de mythes plus ou moins philosophiques, l'Orphisme eut des récits et des cérémonies. Les initiés se partageaient dans un banquet sacré la chair crue d'un taureau, en souvenir de la passion de Zagrous : c'est ce qu'on appelait Vomophagie; il est possible que cette coutume soit ancienne. Ce qui est peut-être plus curieux que Tadoption de tel ou tel rite particulier, c'est la constitution de ce qu'on appelait la vie orphique ^ c'est-à-dire de tout un système de pra- tiques destinées à conduire les âmes vers la pureté et la sainteté qui devaient, après la fin de la vie présente, leur assurer un heureux passage à d'autres existences successives. Les Orphiques, en dehors de l'omophagie,

1. Hérodote, II, 81 et 123.

2. Principaux témoignages dans Platon, Phédon, p. 62, B; 70, G; Cratyle, p. 400, B. Cf. Zeller, p. 64 et suiv.

3. Cf. Platon, Lois^ p. 175, Ë, et le vers orphique cité par Proclus, Comment, sur le Timée, p. 95, F :

Zeùç xEçaXi^, Zsùc (lio-o-a, Ai6c Z* èx icdtvia zi-CMXxai,

4. Zeller, p. 95.

5. Orphique ou Bachique. Cf. Hérodote, II, 81 Platon, Lois^ VI p. 782, D.

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