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446 CHAPITRE VIII. — ORACLES ET MYSTÈRES

voyait Perséphone tour à tour dans la noire demeure d'Hadès, puis dans la lumière retrouvée du brillant Olympe ^ L'initié trouvait là une image de sa destinée ; il se préoccupait d^éviter le Tartare, avec son bourbier infect et ses supplices S et de gagner la félicité bienheu- reuse de ceux qui vivaient auprès des dieux '. Il est possible que ridée de Timmortalité se soit présentée à son esprit sous la forme d'une série de migrations accomplies par les âmes à travers des existences successives : un mot de Pindare Ta fait croire parfois ^ ; mais on ne sau- rait l'affirmer en ce qui concerne les mystères d'Eleusis; pour les Orphiques, au contraire, la chose est certaine. La grande divinité orphique est Dionysos Zagreus : nom bizarre, moitié grec et moitié barbare, dont l'origine doit être cherchée, selon les uns, en Phrygie, selon les autres, enThrace^ Dans tous les cas, Técole orphique, originaire de la Grèce du nord, adopta Zagreus de bonne heure, développa sa légende et l'acclimata dans tout le monde grec. La légende de Dionysos Zagreus est évi- demment, comme le double nom du dieu, un composé d'éléments hétérogènes : des traditions étrangères s'y sont greffées sur un fonds de traditions helléniques. Le trait le plus saillant de la légende était l'histoire du cœur de Dionysos, sauvé par Pallas quand les Titans, ennemis du jeune dieu, l'ont tué et mis en pièces, et qui reprend vie aussitôt. Le mythe de Zagreus, comme celui de Perséphone, disait l'éternelle renaissance des choses: il était facile à une secte enthousiaste, avide d'espérance et d'immortalité, d'y voir un symbole et d'en tirer une

1. Plutarque, Fragments du Traité de Vâme, 2, 5 (Dubner-Didot); t. VL p. 331, Tauchnitz.

2. Phédon, p. 69, D.

3. Phédon, p. 69, G; 81, A.

4. Cest le 8i6(t6otoc àpx» ^^^ Pindare attribue à l'àme humaine (fragm. 114). Cf. Decharme, p. 401 ; Zeller, p. 63.

5. Cf. Bergk, Griech, LU,, t. II, p. 81 ; Decharme, p. 468.

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