RYTHMES ET MÈTRES 35
vers héroïque n'est pas autre chose que la réunion de deux membres égaux, formés chacun de trois dactyles K A l'origine la poésie épique était certainement chantée. Chaque vers correspondait à une phrase mélodique en deux parties ; phrase très simple, bornée à très peu de notes, et toujours la même pour chaque vers.
Le vers iambique, très ancien aussi, est également formé de deux membres, mais de deux membres iné- gaux : le premier est une dipodie et le second une tétra- podie '.
On comprend que ces combinaisons si simples, d'une régularité si visible, pussent aisément se passer de musique. La simple récitation en faisait ressortir la symétrie et les rendait agréables. Aussi vit-on de très bonne heure les hexamètres et les iambcs se dégager de tout accompagnement musical.
Il en fut à peu près de même du distique élégiaque, chanté d*abord et accompagné de la flûte, puis destiné à la simple récitation. Ici cependant quelques particularités nouvelles se présentent. En premier lieu, voici au se- cond vers du distique, à la fin de chacun des deux xcoXa, deux temps vides ou silences. Il n'y avait encore rien de pareil, ni dans l'hexamètre, ni dans Tiambe. Ensuite le retour régulier de cet arrangement rythmique groupe deux par deux les vers des poèmes élégiaques, tandis que dans l'épopée les vers, tous semblables, étaient in- dépendants les uns des autres. Ce retour régulier ou
��1. De trois dactyles rythmiques, bien entendu ; lesquels peuvent ôtre représentés syllabiquement par des dactyles ou par des spondées.
2. Le premier membre (y | -v-u) est une dipodie trocbaïque précé- dée d'un temps faible qui la rattache au vers précédent ; le second (-V-W-) est une tétrapodie à laquelle un temps faible manque à la fin. Ainsi chaque vers se rattache à celui qui précède et à celui qui suit sans solution apparente de la continuité rythmique, c'est-à-dire sans pause ni silence.
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