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ORIGINES DE hk PROSE 4GI

on l'a quelquefois essayé, chercher la raison de ce fait dans des circonstances purement extérieures, telles que rinvention récente de Técriture ou la rareté du papyrus. D abord, en fait, l'écriture était pour les Grecs, au début du VI® siècle, une très vieille acquisition. Quand on voit, précisément à cette date, des Grecs de condition médio- cre, des aventuriers au service de Psammétique II, graver leurs noms et quelques phrases sur les jambes de deux colosses d'Abou-Simbel, en Nubie S on est forcé d*en conclure que Tusage de récriture devait être alors singulièrement répandu dans le monde hellénique. L'é- tude même de Talphabet grec, la distance qui, dès lo temps des plus anciennes inscriptions, le sépare déjà do Talphabet phénicien dont il est sorti ^, lo désaccord qui existe dans certains cas entre la manière de noter un même son (et) selon qu'il est primitif ou au contraire de date plus récente (quoique fort lointaine encore) ^ tout prouve que Tintroduction de l'écriture en Grèce remonte sinon au fabuleux Cadmus, comme le disait Hérodote, du moins à une période extrêmement ancienne des relations entre la Phénicie et la Grèce ^. Tous les poètes élégia- ques, tous les poètes lyriques ont su écrire : leurs œuvres ne pouvaient se conserver que par récriture. Il est probable que les poèmes hésiodiques furent écrits dès Torigine ; ce qui ne veut pas dire d'ailleurs qu'ils fussent destinés à un public de lecteurs : on les récitait sans aucun doute, mais l'aède ou le rapsode put de très bonne heure s'aider du secours de récriture. Quant à la diifi- culté de se procurer du papyrus avant le règne d'Amasis,

��1. Koehl, Inscriptiones grœcas anUquissimœ, n» 482.

2. Voir, sur ces questions, Tarticle Alphabet, par François Lenor* mant, dans le Dictionnaire des Antiquités de Daremberg et Saglio.

3. Bergk, Griech Lit., t. I, p. 199, n. 36.

4. Pour l'histoire de l'alphabet grec, cf. Kirchboff, Studien zur Ges- chichte des gnech. Alphabets, 3« éd., Berlin, 1877.

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