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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/474

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462 CHAPITRE IX. — PHILOSOPHIE ET HISTOIRE

il n'y a pas lieu de s'y arrêter : les peuples de l'Asie, sans avoir de papyrus, écrivaient depuis des siècles : les poètes lyriques grecs trouvèrent aussi des matériaux ; la pierre, les métaux, le bois, recevaient des inscriptions. L*usage des tablettes en bois a persisté dans toute Tan- tiquité. Pour les œuvres littéraires proprement dites, la matière la plus en usage était la peau. Hérodote ^ dit que de son temps encore, en lonie, on continuait de dire « de la peau » (SiçOfioai) au lieu de dire « du papyrus » (6uê>Ai), par suite d'une vieille habitude, en souvenir du temps où, faute de papyrus égyptien, on écrivait sur des peaux de chèvre et de mouton : c'était une sorte de parchemin. On ne peut désirer un témoignage plus formel et plus convaincant *. Si la prose est née tardivement, ce n'est donc pas faute d'écriture ou faute de papyrus ; la raison en est à la fois plus simple et plus profonde : c'est que l'esprit grec était encore trop jeune pour avoir besoin d'uae littérature en prose.

Par « littérature en prose», il ne faut pas entendre, en effet, toute espèce d'écriture en prose. Bien avant qu'il y eût des historiens, il y avait des matériaux écrits prêts pour l'histoire. Les temples renfermaient des listes (àvaypaçai) de prêtres et de prêtresses, do vainqueurs olympiques, pythiques, etc.; des procès-verbaux de fon- dation; des notes relatives à des prodiges, à des épidé- mies, à des anniversaires; des offrandes ornées d'ins- criptions ; des recueils d'oracles, etc. Dans les prytanées des villes, on trouvait des listes de rois et de magistrats, des traités, des lois, des actes publics de toute sorte; par-

1. Hérodote, V, 58.

2. L'usage d'écrire sur ces SiçOlpai subsistait encore au temps d'É- piménide et de PLérécyde, d'où ces locutions proverbiales, 'EicipL-vî- fieiov ôépjiot (Suidas), 4>£pexv8£iov fiépiia (Plutarque, Pélop. 21), qu'on cessa parfois de comprendre plus tard et qui donnèrent naissance à des légendes bizarres : on crut que c'était la peau même du corps d'Ëpiméuide qui était couverte d'écriture et gardée à Sparte.

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