choses utiles à la vie pratique, voilà leur dodrine. De là, Socrate va lirer à son tour sa philosophie morale, en essayant de prouver que la seule chose utile est la con- naissance scientifîque de la justice. Avec les sophistes et Socrate, une autre période de la philosophie com- mence : le monde moral, jusque-là subordonné à l’uni- vers physique, passe au premier plan, et si les socrati- ques, en dépit des leçons de leur maître, essaient encore de reconstruire un système de l’univers, c’est en par- tant de ridée morale du Bien. Nous n’avons pas à abor- der pour le moment cette nouvelle forme de la philoso- phie. Nous ne parlerons pas non plus ici des atomistes qui poursuivent, à côté des sophistes et de Socrate, la grande tradition naturaliste de la philosophie ionienne. Démocrite, le plus grand des atomistes, a pu lire une partie des dialogues de Platon ; par la date de sa vie, par certains caractères de son style et.de sa pensée, il n’appartient plus à la période des débuts; c’est dans riiistoire de la science grecque à la fin du v* siècle et au début du IV® que sa place est marquée.
On voit les traits principaux qui distinguent cette pre- mière période de la philosophie grecque : vif élan de l’esprit vers la solution des plus hauts problèmes, puissant et candide effort pour ramener l’infinie complexité des choses réelles (à peine étudiées encore et fort mal connues) à un enchaînement d’une simplicité trompeuse, hardiesse à deviner, à pousser dans toutes les directions, sagacité parfois pénétrante, et impuissance à rien démontrer. Le fond de la méthode, c’est d’abord l’hypothèse à outrance ; celle-ci s’appuie bien sur quelques faits réels, observés parfois avec une finesse ingénieuse, mais elle les dépasse de beaucoup. L’hypothèse affirme sans discuter : elle parle en style d’oracle. Après l’hypothèse paraît la déduction géométrique, qui arrive à toute sa rigueur avec Parménide. Le raisonnement philosophique