Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/505

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nèles, sur le feu contrai, sur rantiterre, sur l'harmonie des sphères, on trouvera chez les historiens de la philosophie des explications qui seraient ici superflues. Bornons-nous à rappeler que c’est lui, selon la tradition, * qui eut le premier l’idée d’appeler le monde Koap;, c’est-à-dire « ordre » ; beau mot, qui a fait fortune ; idée bien digne du grand esprit pour qui la matière n’était rien sans le nombre et sans l’harmonie ^.

Pour ce qui est du monde moral, il y introduisait l’a- rithmétique d’une manière qui nous parait, à vrai dire, surtout bizarre par la subtilité des applications. Pourquoi la justice^ par exemple, lui paraissait-elle correspondre au nombre 4 plutôt qu’à tout autre ^ ? Les assimilations de ce genre avaient été multipliées par Pythagore avec une subtilité infatigable.

Beaucoup de points, même très importants, restent mal connus dans sa doctrine. Aristote semble dire, par exemple, qu’il n’avait pas clairement expliqué comment les êtres étendus avaient pu sortir de l'unité primitive ^. C’est peut-être, après tout, que l’explication n’était pas facile à donner. Mais il y a beaucoup de théories pythagoriciennes dont on ne saisit même pas bien la relation avec l’ensemble du système, et d’autres qu’on ne fait qu’entrevoir. Quelle idée, notamment, se faisait-il de la divinité, pour laquelle il professait une piété profonde ? Que pensait-il de la nature de l’âme ? Comment expliquait-il l’immortalité de celle-ci, et comment rattachait-il à la théorie du nombre sa croyance à la métempsycose, attestée déjà par Xénophane ? Autant de problèmes insolubles.

1. Diogène Laërce, VIII, 48.

2. On voit sans peine quelle influence ces vues de Pythagore devaient exercer plus tard sur Platon et sur Aristote.

3. Simonide de Céos, on le sait, s’est souvenu de cette théorie (fragm. 5, v. 2).

4. Métaphys., XII, 6; p. 1080, B, 20, Bekker.