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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/514

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Qu’un homme, à Olympie, remporte par la vitesse de ses pieds, qu'il triomphe au pentathle, à la lutte ou au pugilat douloureux, qu’il brille dans le terrible pancrace, il est regardé de ses compatriotes avec admiration, honoré dans les jeux d’une place glorieuse et en évidence, nourri aux frais du public, accablé de dons par la cité. S’il l’emporte par ses coursiers, mêmes avantages. Il ne me vaut pas, cependant ; car, bien au-dessus de la force des hommes et de la vitesse des chevaux, s'éléve notre sagesse 1.

Dans un beau passage d’une autre élégie, il décrivait le luxe des nobles de Colophon, funeste emprunt fait aux Lydiens par ses compatriotes :

Ils se rendaient à l’agora tout vêtus de pourpre, au nombre de plus de mille, pleins d’orgueil, fiers de leurs gracieuses chevelures, couverts de fins parfums 2.

Xénophane voulait qu’on s’occupât de la vertu, sans austérité excessive pourtant : il en faisait l'assaisonnement naturel d’un repas aimable et brillant :

Voici que le sol de la pièce est purifié : les mains sont nettes, les coupes brillantes; l'un présente aux convives des couronnes, l'autre, dans une coupe, offre un agréable parfum. Le cratère se dresse, source de joie. Le vin, dans la terre cuite, est prêt, abondant, doux, parfumé; l’encens remplit l’air de ses suaves effluves. L’eau est fraîche, douce et pure. Des pains blonds sont servis ; la table en fête est chargée de fromage et de miel. L’autel, au milieu, est couvert de fleurs. La demeure tout entière résonne de chants et d’allégresse. Tout d’abord, des hommes sages chanteront la divinité par de pieuses et pures paroles, en faisant des libations et en demandant la faveur d’être justes. Voilà, mes amis, ce qui convient mieux que les orgies; buvons de manière à pouvoir encore, si l’âge n’a pas brisé nos forces, regagner notre demeure sans l’aide d*un esclave 3.

i. Fragm. 19.

2. Fragm. 20.

3. Fragm. 21.