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XÉNOPHANE 501

veaux. Dans ces courts fragments, il y a de la précision, une netteté parfois un peu sèche, comme il convient h Texposition scienliPique, mais souvent aussi unoplénitude élégante et sévère, beaucoup d'habileté à exprimer des idées difQciles, de la véhémence, une ironie puissante bien que sobre, une grandeur enfin qui vient delà gran- deur même de la pensée. Bien qu'il ne soit pas h proprement parler un dialecticien, il a plus de souplesse dans la dis- cussion que n'en paraissent avoir eu les premiers prosa- teurs : la poésie est à cette date un instrument plus do- cile que la prose; entre les mains d'un artiste, elle se prête mieux à l'expression des idées subtiles et délicates. Des autres ouvrages de Xénophane, et surtout de ses élégies, il nous reste des fragments non pas plus nom- breux, mais plus étendus, où se laissent voir la grâce sérieuse de sa pensée et le tour aimable de son talent. Plus d'une fois, on y retrouve son dédain des opinions vulgaires ou sa préoccupation des idées philosophiques. C'est dans une élégie qu'il se moquait de la doctrine de Pythagore sur la métempsycose :

Un jour, dit-on, passant prés d*un chien qu'on battait, il s'apitoya et prononça ces mots : « Gesse de frapper ; Pâme d'un de mes amis habite ce corps ; je le reconnais à la voix*.»

Ailleurs, parlant des entretiens qui s'engagent après boire, il voulait qu'on en bannît les « frivoles fictions des ancêtres », « les combats des Titans, dos Géants et des Centaures >>, et qu'on y gardât toujours « un juste souci des dieux ^ m. Il n'aime pas mieux les athlètes que les poètes épiques ; sur ce point encore, il brise avec la tra- dition. Il parle déjà des vainqueurs d'Olympie comme fe- ront plus tard les Euripide et les Platon. La philosophie est bien supérieure à ces vanités :

i. Fragm. 18. 2. Fragm. 21.

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