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HERACLITE 509

comme on l*a quelquefois soutenu, un adepte des doc- trines mystiques S et faut-il chercher dans Tinfluence exclusive de ces doctrines l'explication du fait que nous venons de signaler? Ce serait aller trop loin. Heraclite n'est le prisonnier d'aucune secte ; il n'est l'apôtre que de son propre système. Mais il connaît Pythagore et les mystères ; il a lu Xénophane. Ce grand courant de phi- losophie religieuse et morale qui entraine son siècle ne Ta pas laissé indifférent. Sans s'asservir à personne, il a écouté tout le monde. Il est de son temps, et il répond à sa manière à ce besoin d'une science plus religieuse et d'une religion plus scientiGque que ses contemporains les plus illustres ont tous ressenti.

L'idolâtrie grossière de la foule excite son mépris :

Faire des prières à des statues, c'est parler à des maisons, sans savoir ce que sont les dieux et les héros 2.

La divinité est très puissante et très intelligente :

Le plas sage des hommes, à côté des dieux, n'est qu'un singe 3.

L'homme, comparé aux dieux, est comme un enfant à côté d'un homme *.

Mais qu'était-ce, en somme, qu'un dieu, dans cet écou- lement perpétuel de toutes choses ? Un feu plus pur que les autres, une âme plus subtile et plus spirituelle, mais non pas d'essence distincte. Entre l'âme humaine et l'âme divine, il n'y a qu'une différence de degré, que rintervalle d'une étape à une autre dans la voie des

1. Cf. Pfoidcrer, op, cit. Cf. aussi Tannery, p. 176 (explication du fragm. 81, rapproché de ce mot de Jamblique, De Mysteriis, I, 11 : 8ià ToOto elx6T(i); aùxà [L e. xà i&uor^pia] âxsa 'UpâxXeiio; npovtlicsv).

2. Fragm. 61.

3. Fragm. 43. Cf. fragm. 42.

4. Fragm, 78.

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