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APPARITION DU LYRISME SAVANT 41

improvisateurs populaires, aèdes de village, pleureuses (le profession, vocératnccs comme en C':ir se, ménélricrs qui faisaient danser. A peine dans les sanctuaires quel- ques aèdes saccrdolaux essayaient-ils d'ennoblir les hymnes des dieux par un mètre plus savant et une gra- vite plus épique. Rien ne vit, dans l'arl, que par le style. Ni la dignilc un peu raide dos hymnes ni la négligence parfois aimable des chants [)opuIaires n*élaient capables d'en tenir lieu. Le slyle ne pouvait venir au lyrisme que si les grands arlisles s'en mclaienl. Or les grands ar- tistes, nous l'avons dit, se tournaient alors vers 1 épopée. Au vil*' siècle, le changement des mœurs publiques amène un changement de goût, et les esprits hardis, novateurs, vraiment inspirés, viennent au lyrisme. Ce sont les moins grands qui restent fidèles à l'épopée. Les relations an- térieures des deux genres sont renversées, au profit de la poésie lyrique. Les nouveaux poètes ne sont pas seulement des musiciens; ce sont aussi des esprits nourris d'Homère, des artistes en paroles, qui vont dire avec jus- tesse, avec force, avec grâce, ce que la poésie populaire bégayait, et qui par là vont donner au lyrisme le pou- voir de vivre et de durer, dont il avait manqué jusque-là. La révolution fut musicale, sans doute, mais tout autant littéraire. Les musiciens ont frayé la voie aux poètes : car c'est seulement quand Terpandrc (;t Olympos eurent élargi les cadres du nome que les vrais poètes furent tentés par le lyrisme. Mais la transformation n'est de- venue décisive que par Tinlervention de ceux-ci ; elle no fut complète que quand des artistes en bien dire euiont trouvé l'art de faire goûter à des esprits enchantés d'Ho- mère un plaisir dillerenl, mais non moins vif, dans un langage approprié à de nouveaux emplois.

Les novateurs, du reste, eurent probablement une [deinc conscience de ce qu'ils faisaient : car ils écrivi- rent leurs œuvres. La poésie populaire ne s'écrit pas i

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