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G04 CHAPITRE X. — HÉRODOTE

En revanche, il la dessine d'un trait rapide et fin uu moment même où elle agit. Thémistocle, Aristide, sont esquissés avec justesse, Tun dans son habileté peu scru- puleuse, Tautre dans son honnêteté incorruptible. Le tableau de la Grèce au moment où l'invasion de Xerxës se prépare, ces sentiments incertains, contradictoires, qui s*agitent dans les esprits, plus tard (à la veille de Sa- lamine) les hésitations ou les arrière-pensées des peu- ples et des chefs, sont notés avec une sagacité clair- voyante, où il entre d'ailleurs plus d'observation morale immédiate que de philosophie véritable.

Hérodote a pourtant aussi sa philosophie de l'histoire; il croit à l'existence d'une loi qui gouverne les événe- ments. Mais cette lui est toute religieuse : elle est plutôt morale que politique. C'est celle que Solon, Pindare, Es- cliyle, ont tant de fois exprimée : l'homme est misérable par nature; la volonté des dieux exige qu'il reste dans sa condition; s'il cherche à s'élever au-dessus d'elle par l'orgueil et par la violence, la jalousie divine l'atteint et le brise; Hybris, Koros et Até forment une trinité fatale; la Némésis pèse sur l'homme *.

Dès le début de son livre, Hérodote fait allusion à ces révolutions surnaturelles de la destinée. Son ton est grave, plein d'une mélancolie indulgente et religieuse :

Je parlerai des petites cités comme des grandes : ce qui était grand autrefois est souvent devenu petit; ce qui est grand aujourd'hui a commencé par être faible; aussi, connaissant les vicissitudes de la félicité humaine, je mentionnerai les unes comme les autres *,

il n'y a guère que des observations assez faciles à faire ; le paRsage le plus notable est celui qui est relatif au respect des Spartiates pour la loi (VII, 104).

l. (if. ïounior, Nétnésis et la Jalousie des Dieux» Paris, 1862. L'ap- pendice de cet excellent ouvrage renferme on particulier une ana- lyse de l'ontretien imaginé par Hérodote entre Cr.'sus et Solon.

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